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Meta (Facebook) renonce à sortir son IA multimodale en Europe

"Pisque c'est comme ça j'joue pu" -- Mark Zuckerberg, probablement

Avec le succès médiatique de GPT-4o, les concurrents ne pouvaient rester passif et du côté de Meta, LLaMa 3, dont nous avons déjà parlé dans nos colonnes, ne suffit plus. C'est donc tout naturellement que l'équipe de recherche menée par Yann LeCun et financée par Mark Zuckerberg s'est attelée à la création, elle aussi, d'une IA multimodale, capable de gérer non seulement le texte mais aussi l'image, le son, etc., et répondant au petit nom de Meta AI.

Mais tout récemment, la même équipe a fait une annonce choc : l'Europe sera purement et simplement privée de cette IA, en tout cas pour le moment. Chez Meta, on évoque une "trop grande imprévisibilité législative" du côté de l'UE. Comprendre : trop de régulations, et qui évoluent trop vite, au risque de mettre des bâtons dans les roues de Meta et de causer des incertitudes sur la légalité de leur modèle à long terme.

Les désaccords entre Meta et la Commission Européenne sont divers, mais le nœud Gordien semble être moins une supposée "imprévisibilité" de la loi, qu'une grosse colère de Facebook contre la DPC Irlandaise, l'équivalent de notre CNIL Meta n'aurait pas du tout apprécié se faire taper sur les doigts pour son interprétation très créative du RGPD.

Plus spécifiquement : Meta aurait entraîné, et souhaiterait continuer à entraîner, ses modèles d'IA sur les données personnelles des utilisateurs de Facebook, d'Instagram, etc. sans avoir préalablement recueilli leur consentement informé pour cet usage-là. 

Du côté de Meta, on se considère dans son bon droit : on déclare n'avoir utilisé que les données "publiques" de leurs utilisateurs et permettre à ceux-ci de refuser l'utilisation de leurs données via un système d'opt-out. Mais du côté de l'UE et de la DPC, on considère que Meta fait une interprétation très extensive de ce qui constitue une donnée publique, et qu'il s'agit en tout état de cause de données personnelles, dont le traitement dans ce cadre spécifique nécessite de recueillir une autorisation préalable (système d'opt-in), et non de présumer de celui-ci, charge à l'utilisateur de manifester son refus (opt-out).

Résultat : Meta part bouder, et déclare que les Européens pourront se brosser pour profiter de leur beau modèle tout neuf. Somme toute un petit coût à payer pour protéger les consommateurs et faire valoir une philosophie de l'Intelligence Artificielle en Europe qui diffère d'un vaste far-west. Ce ne sont pas les concurrents qui manquent...

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Par :

everydai
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