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SearchGPT : quand ChatGPT vient se frotter à Google

En espérant que celui-là ne nous invite pas à mettre de la colle dans nos pizzas

C'est entendu : en matière de moteurs de recherche, Google règne sans partage. Et forcément, un monopole sur un nœud aussi stratégique du web, ça crée quelques convoitises. Chez Microsoft notamment, cela fait bien longtemps qu'on cherche à contester la suprématie de Google. Et quand on parle du loup, on voit la queue de son nouveau meilleur ami, OpenAI. Eux aussi rêvent de venir tailler des croupières à la firme de Mountain View. Et pour ça, un argument de poids : l'IA au service de la recherche. C'est ainsi qu'ils présentent aujourd'hui un "prototype temporaire" répondant au doux nom de SearchGPT.

Le nom n'est pas choisi par hasard : il surfe sur la hype autour de ChatGPT, mais recycle en fait un concept qu'on a déjà vu, y compris chez Google eux-même avec leur fonction "AI Overviews". Le principe : une IA comprend vos requêtes en langage naturel, parcourt les résultats d'un moteur de recherche (probablement Bing dans le cas de SearchGPT, vu la proximité d'OpenAI avec Microsoft) et vous fait un résumé dans un langage clair et accessible de ce qu'il a trouvé en réponse à votre question. Vous pouvez même poursuivre la discussion avec lui pour lui demander des précisions, etc.

Une fonctionnalité qui rappelle un peu aussi ce que propose déjà Bing with Copilot.


Des soucis inhérents à ce type d'IA que SearchGPT compte bien éviter

Le problème de ces techniques, comme cela a été observé de manière particulièrement cruelle (et drôle) chez Google, c'est que l'IA n'ayant aucune idée de la véracité, ou même de la plausibilité, de ce qu'elle trouve, elle n'hésitera pas à répéter les propos les plus idiots qu'elle trouvera, ou qu'elle croira trouver. Google s'était ainsi déjà illustré avec une IA qui recommandait de mettre de la glue dans les pizzas pour faire tenir la garniture, de manger régulièrement quelques cailloux pour faire le plein de minéraux, ou qui expliquait que le mammifère avec le plus grand nombre d'os était le python, avec ses 600 vertèbres et 1800 os... Oups !

Pour éviter de refaire les mêmes erreurs et de s'attirer une bien mauvaise publicité, OpenAI joue donc la prudence, avec un "prototype temporaire" en accès fermé, réservé à quelques uns, afin de mener quelques expériences. Ils expliquent également s'associer avec des partenaires (notamment issus de la presse) pour donner plus de poids aux sources les plus crédibles, afin d'éviter que des blagues issues de Reddit ou de Twitter ne remplacent les réponses que pourrait apporter le New York Times. Les sources et les liens seront fournies pour permettre aux utilisateurs de vérifier par eux-mêmes, et les créateurs de contenu pourront décider de la manière dont ils apparaissent dans SearchGPT (au risque que certains abusent de la fonction pour se donner plus de crédibilité qu'ils n'en ont vraiment ?).

Cerise sur le gâteau pour OpenAI : comme SearchGPT n'est pas un modèle de langage à proprement parler, il ne nécessite pas d'entraînement pour produire son contenu. Bien sûr, il a été entraîné, comme toute IA moderne, mais ses réponses aux questions ne seront pas le fruit de ses connaissances mais bien de ce qu'il cherchera en temps réel. Ce que cela veut dire, c'est notamment que les sites web qui refusent de voir leur contenu aspiré pour entraîner des LLM, pourront néanmoins apparaître dans les résultats de SearchGPT, comme ils apparaissent dans n'importe quel moteur de recherche.

Pour l'instant, Search GPT n'est pas accessible au grand public, et n'a pas vraiment vocation à le devenir : si les résultats sont concluants, ou au terme d'une série d'améliorations dont les premiers feedback auront souligné la nécessité, la technologie a vocation à intégrer directement ChatGPT, pour en faire un outil connecté et toujours à jour. 

Au risque d'en polluer les réponses ? Affaire à suivre.

Écrit le :

Par :

everydai
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